Je suis arrivée le mardi vers midi à Aix les Bains. La première demi-journée de stage s'est terminée vers 17:30. Nous sommes allés en ville. Tout de suite, nous sommes tombés sur le casino. Avec deux garçons nous avons décidé d'y retourner en soirée pour jouer au poker. Après nous nous sommes baladés dans le centre-ville.
Un moment, j'ai regardé à travers la vitrine d'un coiffeur. Là, j'ai remarqué une fille rousse qui coupait les cheveux (bon, jusque-là rien d'anormal…) mais elle était en jean, avec un petit haut noir super léger. Enfin je veux dire pas la tenue standard des autres filles du salon. Son jean tombait un peu sur ses hanches, laissant apercevoir le haut de sa culotte. Des hanches étroites, un peu mon style. Décalée dans son milieu ambiant. J'ai adoré son genre. La première chose que j'ai pensé, c'est qu'elle devait bien couper les cheveux. Oui, je sais !!! Je suis entrée, j'ai fouillé dans mon sac, en ai sorti une photo, lui ai montré, et j'ai demandé "Vous pouvez me faire ça ?" "Bien sûr, sans problème" "Mais quand ?" "Si vous attendez un quart d'heure, tout de suite". J'ai attendu. Je suis ressortie avec la coupe de mes rêves. Toujours longue, mais sauvageonne. J'adore. Frange sur le front, cheveux ondulés, libres. A croquer. Bon, ce n'est pas un changement déterminant non plus, mais je m'adore.
Nous étions sept ou huit, nous avons mangé en terrasse dans une rue piétonne, puis avec les deux garçons nous sommes allés au casino pour notre partie de poker. J'ai perdu 150 euros. (Buy 50, re-buy 50 et add-on 50) Loin d'être inoubliable comme soirée.
Mercredi, cours et sortie à 17:00. J'ai décidé d'aller chez mon frère à une heure de là. Nous avons regardé le grand journal sur Canal. Lady Gaga et sa perruque bleue au menu. Un "live" ou dans un costume affligeant de sirène elle nous a infligé son dernier opus, échouée sur le plateau comme une grosse baleine. A Canal, c'était l'émeute, tous debout sur les tables, et standing ovation !
Nous avons eu un débat assez orageux sur la demoiselle Germanotta, Simon plutôt fan, et Mayken et moi, au mieux indifférentes. Denisot a ensuite sorti sa surprise : Lagerfeld. Et là franchement nous avons atteint le sublime dans la démagogie, la servilité, la complaisance, le marketing. Bien que nos deux héros du jour s'en défendent absolument. Du cirage de pompes haut de gamme.
Le Lagerfeld nous a exhibé son iPad "en or", qu'il s'évertuait à appeler iPod. Ce qui m'a fait dire que dans la pub ou il ne savait pas que Volkswagen était allemand, il ne jouait pas un rôle. Denisot a ressorti son truc des photos de nu. Gaga rêvant de se faire immortaliser ainsi par le maitre amidonné. Mais foin de tout cela, ces deux éminent spécialistes es-provocation renonçant pour convenances morales à ce qui m'aurait, moi, convertie. Une séance de photos nue sur le plateau du grand journal. Elle s'est contentée de faire une grimace pour le photographe empesé, stylé ado pétasse de quatorze ans. Franchement Lady Gaga, c'est génial, la plus grande star de tous les temps…
Je suis rentrée en fin de matinée chez moi. Un sms à Mélanie, pour lui dire que j'ai envie d'être allongée nue contre son corps nu, et que je l'attends… Que c'est quand elle veut !
Je me suis aperçue que j'avais neuf appels en absence, tous émanant d'un même numéro que je ne connais pas…
En rentrant, j'ai acheté des fleurs, une tarte à la praline et deux bouteilles de champagne. Une fois chez moi, j'ai ramassé tout ce qui trainait, et rangé au mieux. Je suis passée à la salle de bains, me suis douchée, remaquillée, coiffée, les cheveux un peu relevés, savamment attachés, parfumée abondamment au n° 5… Je me suis habillée tout de noir, petit haut sexy, jupe courte, jambières à mi-cuisses, tanga en dentelles transparent, pas de soutif, des talons… Regardée dans le miroir, regardée encore, et regardée… A tomber. Et regardée une dernière fois. J'ai allumé plusieurs bâtons d'encens, et toutes les bougies que j'ai trouvées. J'ai mis en route mon iPod, liste jazz, lecture aléatoire. J'ai éparpillé les fleurs un peu partout, jusque sur mon lit. Disposé mes huiles de massage sur mon scriban.
Posté un billet sur mon blog. J'ai remarqué que raconter un rêve érotique a considérablement boosté mes statistiques. Au moins, maintenant je connais l'essentiel de vos préoccupations. J'avais un message sur ma boite mail. Cela m'a permis d'apporter la touche finale à mon programme pour la soirée. Enfin finale… J'ai pris un livre, "Justine ou les malheurs de la vertu", me suis posée sur le canapé, et attendu en m'échauffant les sens, et croisant les jambes.
Huit heures, on sonne. Mélanie sonne et entre, mais là on n'entre pas. Je me lève, vais ouvrir. Mes rugbymen matinaux ! Oh putain, non, pas maintenant, mon dieu. Je dis "J'attends quelqu'un" et eux "Oui, nous." "Non" "Si". "En tee-shirt ou sapée, tu es vraiment canon !" Bon, on n'avance pas. "Je vais chercher le sweat !" "Quoi, tu ne nous fait pas entrer ? On t'a quand même sauvé la vie…" Je les fais entrer. Ils voient les fleurs, les bougies… "Il ne fallait pas, ce n'est pas un peu trop ?" Je pense "Mélanie va arriver…" "Tu nous paies un verre ?" Gros soupir. Gros gros soupir. "C'est un plaisir de passer chez toi !" "Putain, je vous dis que j'attends quelqu'un !" "Ok, ok, on se tire… on boit un verre et on se tire !" Je cède, les fais s'assoir, vais chercher des flutes, sort une bouteille de champagne. On parle, même genre de conversations que le matin.
Un moment plus tard, coup de sonnette bref, et entrée de Mélanie. Je ne sais pas ou me mettre. Sous la table de salon peut-être ? Les garçons se lèvent, polis. Un grand silence, et moi "Denis, Laurent … Mélanie" Les yeux des garçons ! Mélanie à l'aise, comme partout. "C'est elle que tu attendais ?" Une tout petite voix "Oui". "Ah ouais, la vache ! Ben, on va vous laisser entre vous les filles…" "C'est gentil, Denis, n'oublie pas ton sweat…" Ils nous regardent toutes les deux. Bien plus même, j'ai l'impression. J'entends leurs cerveaux qui tournent… J'imagine les images qui défilent dans leurs têtes ! Des bises, ils sortent.
Je donne un tour de clé à la porte. Je saute sur Mélanie, l'embrasse goulument. La touche partout. Lui dit va t'assoir, je m'occupe de tout. J'entends "Bye Bye Blackbird" par Diana Krall. Je récupère les deux verres des garçons, les porte à la cuisine, en prend un pour Mélanie, le remplit. Eteins quelques bougies, allume le spot que j'avais placé là… Elle me dit c'est quoi tout ça ?? "Chut, chut". Je m'assois près d'elle. Prends mon verre, le tend vers elle et dit "A toi, mon amour de tous les jours !" Nous trinquons, nous buvons, je la touche, je l'embrasse.
Puis je me lève, lui prend son chapeau, le pose sur ma tête, sélectionne "You can leave your hat on" de Joe Cocker. Je monte le son à fond et prend place devant le spot… J'ai quatre minutes. Je commence à danser. Je porte les mains à ma taille, et descend la fermeture de ma jupe. Puis la fait glisser lentement le long de mes jambes en ondulant. Les lèvent à tour de rôle pour me débarrasser du vêtement. Mélanie me regarde amusée. J'enlève mes chaussures une après l'autre. Pose mes fesses sur le bord d'un tabouret, lève une jambe, la plie, fait descendre une jambière en l'enroulant lentement, le jette sur la table devant Mélanie. Je me lève, lui tourne le dos, me penche, et descend l'autre de la même manière, la quitte, la garde, joue avec, la laisse tomber. Me retourne vers elle, et attrape mon caraco par le bas, le remonte doucement, toujours me trémoussant. Les yeux de Mélanie ne me quittent pas, la petite lueur amusée s'est éteinte, son regard est intense. Le petit haut a maintenant découvert mes seins, je le passe au-dessus de ma tête, le fait tournoyer en dansant, le lui jette. Il ne me reste que ma culotte. Je me tourne à nouveau pour lui présenter mon dos, mets les deux mains dans l'élastique et fait descendre le tanga doucement, tout doucement. Je l'enlève, me retourne vers elle. Joe Cocker a fini. J'entends maintenant "Song of no regrets" de Youn sun nah. Mélanie s'approche, m'enlace, passe la main sur mon sexe épilé. Je la prends dans mes bras, la serre contre moi, l'emmène dans notre chambre, en récupérant nos verres.
Je la pousse avec violence sur le lit. Dégrafe son jean, et la déshabille sauvagement. Elle veut me caresser… "Non !" Elle est nue, je la retourne sur le ventre, la chevauche. Attrape ma bouteille d'huile, lui en fait couler sur le dos, et commence mon massage. Je m'attarde sur ses fesses, joue avec, les écarte, passe une main dans son entrejambe. Plus tard, je la retourne, prends ma flute, verse le contenu sur ses seins, son ventre. Elle porte les mains à son sexe et me dit avec un petit cri "Eh, ça brûle…" "Ne bouge pas, je m'occupe de tout". Je descends mon visage entre ses jambes, et avec ma langue entreprend de calmer son tourment. Avec mes mains, je masse ses seins avec le champagne…
Dans le milieu de la nuit, je me réveille, je suis brûlante, mais ce n'est pas la fièvre… Je regarde Mélanie qui dort près de moi. Me serre contre elle. Prends ses mains, les pose sur mon sexe. Me masse avec. Je l'entends murmurer "Qu'est-ce que tu fais ?" J'ignore, je continue. "Je dors, minette…" Puis je sens ses mains devenir autonomes, je relâche ma pression. Un temps, qui me fait prendre des tours… Puis elle ne bouge plus. Je la secoue avec mon ventre. "Et, ne dors pas…" Elle reprend ses caresses. Je la guide, lui exprime tout ce que je veux… "Mets tes doigts là… et là… et là aussi…l'autre main." Et elle "Ah non !" "S'il te plait, s'il te plait…"
J'ai crié, un râle plutôt parce que plus ou moins maitrisé entre mes dents serrées. Mon corps a été secoué par un spasme, j'ai tremblé, j'ai pleuré et marmonné "Oh merci, merci, merci…" Je me suis serrée contre elle, la tête sur son épaule, pour m'endormir… Alors elle "Je n'ai plus sommeil…"
Matin difficile, juste un petit merci et copyright à "Macha"…
Fin de course. Une heure à fond. J'ai dû faire pas loin de quinze bornes. Je suis ruisselante, morte. Je commence mes étirements, il pleut toujours. Je suis allongée sur le dos, dans l'herbe mouillée. Les jambes tendues relevées, les mains tenant les pointes de mes baskets. Deux garçons s'arrêtent. Physique de rugbymen. Emmitouflés dans des K-Way, bonnets sur la tête. "Vous êtes sure que vous allez bien ?" Je m'assois. "Pourquoi ?" "Regardez-vous !" Je me regarde. Tee-shirt blanc, tellement mouillé et collant qu'il en est transparent, petit short très court, cheveux dégoulinants. "Où est le problème ?" Eux, en riant "Nous, on ne se plaint pas, on va même venir chaque fois qu'il pleut…"
"Vous allez attraper la mort, venez, on vous offre quelque chose de chaud…" Je suis d'accord, j'en ai besoin. Nous sortons du parc, passons devant leur voiture. Ils l'ouvrent, prennent un sweat rouge immense à capuche, une serviette, me tendent le tout. "Mettez ça, parce que juste avec votre tee-shirt, ça va être l'émeute !" J'éclate de rire. J'enlève mon tee-shirt et m'essuie la poitrine avec la serviette. Puis les cheveux. Ils me regardent incrédules. Je dis "Ben quoi ?" J'enfile le sweat. A l'aise dedans ! Nous trouvons un bar à proximité, et nous installons. Nous sommes restés une heure, à parler de tout et de rien, à déconner, style "Le tee-shirt te va mieux que le sweat." Et autres conversations de vestiaire. Mais, ça m'a fait un bien fou, j'en avais besoin. Mes doutes existentiels ont disparus.
Quand nous sommes sortis du bar j'ai dit : "Et le sweat ? Parce que là, décemment je ne peux pas vous le rendre tout de suite…" et eux "On passera chez toi le récupérer". "Vous ne savez pas ou j'habite !" "Ben, tu vas nous le dire…" Je leur ai dit. Pendant la conversation nous étions passés au tutoiement.
Je suis rentrée, Mélanie était partie au magasin, laissant ma porte ouverte. Elle n'a pas eu le choix, elle n'a pas mes clefs. Mais bon, qu'est ce qui ressemble le plus à une porte fermée qu'une porte ouverte ? Je me suis préparée. J'ai eu une envie irrésistible de la voir. Je suis passée à la boutique. Je suis entrée, allée vers elle. Elle était avec une cliente. Je lui ai dit "Pardon, pardon…"
Elle m'a regardée sans comprendre, l'autre femme non plus, j'ai dit "Pardon... Je t'aime." Elle m'a souri, m'a caressé la joue. La cliente a reposé le soutien-gorge qu'elle voulait essayer, elle est partie.
Je l'ai embrassée sur la bouche, j'ai dit "Viens ce soir, s'il te plait, viens encore…S'il te plait…" et je suis allée travailler.
Je ne sais plus qui l'a dit, un anglais je crois. "Le pessimiste est quelqu'un qui pense que sa situation ne peut pas être pire … L'optimiste si !" Trop contente d'être pessimiste. Il n'y avait pas eu pire comme situation.
Lundi, fin de matinée. Je me lève. Il pleut. Je n'ai pas touché mon blog du week-end. Pas eu de temps pour ça. Et là, je me demande s'il est utile que je continue. "La brièveté est la sœur du talent" disait Tchékhov. Je vais vous faire la démonstration que j'en manque cruellement…
Dimanche soir, 18:00… Ma garde à la clinique se termine à 20 heures. J'accompagne Docteur D. qui est venu faire sa visite de courtoisie comme toujours le dimanche soir. Son portable sonne. Il sort et revient l'air ennuyé. "Lou-Eve, j'ai un service à vous demander !" Ben voyons, c'est dimanche soir, je viens de me taper deux jours de gardes, plus une nuit clandestine à l'hôpital, pour permettre à Emilie de partir en week-end avec son mec… pas de problème… "Oui, Monsieur, je vous écoute." "Vous jouez bien au poker ?" Un peu perdue. "Oui, sur pokerstars, et quelquefois à Charbonnières…" "Voilà, j'ai organisé un tournoi chez moi, ce soir, et un ami vient de se désister. Ça vous dirait de le remplacer. Je n'ai pas envie que ma troisième table soit incomplète. Je lui demande des renseignements, il m'explique. Chez lui, à Oingt, à 21:00. Moi "Je finis à 20:00, et il faut que je me mette autre chose." "Nous finissons la visite et je m'arrange, je vous libère, ça vous laisse le temps de vous changer" et "Ce sont les 300 euros qui vous arrêtent ?" Le truc à ne pas me dire. "Non, non !" Puis j'essaie un dernier truc. "J'avais un rendez-vous." Et, très directif. "Décommandez, ou mieux venez avec." Tout est dit, il me griffonne un plan.
J'arrive chez moi, téléphone à Mélanie, lui dit que je l'invite à une soirée chez les bourges, qu'elle se fasse super belle, que je ne veux pas avoir la honte, que je passe la prendre vers 20:00, que c'est mieux comme ça, c'est sur la route, que je lui expliquerai en roulant. Puis je me prépare, hésite deux jours, avant de me dire que finalement, je vais jouer au poker, et que ma tenue "rebelle-pouffiasse" fera l'affaire. Comme chaque fois que je joue au poker, je fais abstraction du soutif. Je complète avec mes converses noires.
Nous arrivons sur la place du village, magnifique le village, dans le pays des pierres dorées. Je repère l'église, c'est d'elle que commence le plan de docteur D. Nous trouvons l'allée bordée de platanes. Au bout un mur d'enceinte, une grille grande ouverte. Nous entrons. Une grosse maison bourgeoise au fond d'un grand parc, à droite, piscine et tennis, à gauche des dépendances ou tout le monde semble s'être réuni. Nous y allons aussi. Madame Docteur D. accueille et fait entrer les invités à l'intérieur.
A gauche dans une immense pièce, restaurée avec gout et argent, qui devait être les écuries, trois tables surmontées chacune d'une grosse lampe. A chaque table un croupier. A droite, un immense buffet devant lequel les gens sont agglutinés. Séparant les deux espaces, une corde soutenue par plusieurs poteaux mobiles en fer forgé. Après avoir réclamé le silence, le croupier de la table centrale invite les joueurs à prendre leurs places. Je prends la main de Mélanie, et la serre dans la mienne. Je ne suis pas vraiment inquiète pour elle, les bourges, elle connait. Le chef croupier demande aux dames qui jouent de choisir leurs places. Nous sommes trois, trois sur vingt-sept. Une se met à la table la plus à gauche, l'autre choisit la table centrale. J'achète mes jetons avec mes trois cents euros, et je vais m'installer à la table de gauche, me place à gauche du croupier. Les hommes complètent.
Je choisis cette place, parce que je serai la dernière à payer les blindes. C'est ma place fétiche. Pendant la première main, j'ai discrètement défait un bouton de mon chemisier, à la Gwyneth Paltrow. (Ah, tiens, j'en profite pour les attardées… les mésaventures de gouinette poltronne, cela vient de ma ressemblance supposée avec cette actrice, dont tout le monde fait état. Personnellement, à part les cheveux, et le boutonnage du chemisier, cela ne me frappe pas. Et encore, moi, je ne décolore pas mes cheveux. Si l'on nous voyait côte à côte, on se rendrait vite compte qu'elle n'est qu'un petit laideron.
Pratiquement trois tours de table on été fait, et je n'ai joué aucune main. Juste gardé la même position, mains posées à plat sur le tapis, regard fixé sur le centre de la table. Cinq personnes ont déjà quitté les tables, leurs jetons épuisés. Le chef croupier nous annonce une pause. Nous jouons depuis plus d'une heure et demie. Un assistant ouvre la ceinture de corde en écartant les deux poteaux centraux. Je vais rejoindre Mélanie.
Je la trouve, très à l'aise, en compagnie de quatre femmes un peu plus âgées qu'elle. Je lui touche le coude. Elle me regarde, me sourit, et me présente "Lou-Eve, une amie…" Sympa ! Elle me prend à part, et me dit que Benoit est là, qu'il joue, que ses amies pensaient qu'elle était venue avec lui. J'estime que cela se complique.
Puis, nous retournons jouer. Je décide que je dois attaquer un peu, sinon je vais mourir à petits feux. L'occasion se présente trois mains plus tard. Je touche roi et dame à cœur. Un seul joueur mise avant moi, je suis, le joueur "petite blinde" relance de 300, "grosse blinde" et le joueur qui avait misé se couchent. J'évalue qu'il a ou une paire servie, ou une connexion As et roi. Je prends le risque, et je fais tapis. Il suit. Nous retournons nos cartes, il a une paire de quatre. La tourne me donne une paire de roi. Je prie et aucun 4 ne sort. J'ai doublé ma mise. Nous ne sommes plus que dix-huit, nous nous regroupons selon les ordres des croupiers. Une table est fermée.
Une heure et demi plus tard, nouvelle pause. Je ne tenais plus, je fonce faire pipi. Puis retrouve Mélanie, en compagnie de Benoit, et boit une coupe de champagne avec eux. Benoit me dit qu'il ne savait pas que je jouais au poker et connaissait Docteur D. Je lui réponds que le monde n'est pas toujours comme on l'imagine. Et lui "J'en suis convaincu…"
Vers une heure, le matin, nous arrivons enfin à la table finale. Le hasard du jeu fait que nous ne nous y installons qu'à huit. Benoit se trouve à la place située à ma droite, Docteur D. lui est juste en face de moi. Deux mains passent, qui me dévoilent que le joueur situé à ma gauche est particulièrement agressif dans sa manière de jouer. A la troisième main, je touche une paire de valets. Tous les autres joueurs passent, et ne reste que l'agressif et moi à n'avoir pas misé. Je mise 500. Le joueur agressif estime mon tas de jetons, et mise de manière à me proposer un tapis.
Je sens son regard sur moi, qui cherche le mien. Il dit "Le suicide de la vierge…" Les autres rient, je reste impassible. De sa place, il doit avoir une vue imprenable sur mon sein droit. J'abaisse ma paire de valet, lui ses cartes, As et roi. Il sourit, il est confiant. J'écarte ma jambe droite, et glisse discrètement ma main droite sur mon entrejambe. Mais, faisant cela, je touche la jambe gauche de Benoit. Lui, l'interprète comme un signe, augmente la pression. Il ne vient ni as, ni roi. Je gagne la main, mon geste-talisman m'a protégée.
A trois heures, nouvelle pause. Nous ne sommes plus que six. Le pit-bull à ma gauche. Bruce Lee, un asiatique plutôt mignon. Le notaire, enfin je l'appelle ainsi parce qu'il a une cravate. Et que pour d'autres raisons, j'associe cravate et notaire. L'avocat véreux, parce qu'il est en smoking et parle beaucoup, Benoit à qui il reste très peu de jetons, et moi qui ai bien conscience d'être à la limite de l'indécence. Nous reprenons nos places. Le chef croupier a déposé cinq enveloppes numérotées de 1 à 5 sur la table voisine. Les prix. Depuis un bon moment, l'alcool aidant, les conversations sont devenues plus lestes. Le notaire m'a même proposé de jouer mon chemisier sur une main sèche. Je suis restée impassible, même pas un sourire. Puis ils ont décidé que, pour aussi jolie qu'elle soit, une femme ne pouvait prendre leur argent. Et le notaire a cru bon d'ajouter "Sans contreparties naturellement." Drôle.
La partie reprend, et immédiatement Benoit tente un tapis, qu'il perd contre le pit-bull. Nous ne sommes plus que 5. Je n'ai pas perdu mes 300 euros. Au contraire, je vais emporter 648 euros.
La main suivante m'offre une paire de dames. C'est une très bonne main, mais c'est ma main maudite. Je n'ai jamais, jamais, gagné avec. Faut-il voir là un signe du destin concernant mon homosexualité en devenir. Paire de dames = échec certain ? C'est à moi, je relance de 400, pit-bull, relance lui de 1500. Bruce Lee se couche, notaire et avocat suivent. J'hésite et suit aussi. La tourne révèle deux rois, et un dix. Pit-bull, fait tapis. Après chacun des hésitations plus ou moins longues, notaire et avocat suivent. J'analyse ma situation, j'ai une double paire, mais je me dis que sur les trois joueurs, un a surement un roi, qu'au vu de mon pourcentage de réussite avec les dames je ferais mieux d'être prudente, qu'au moins un des trois y laissera sa peau, que cela portera mes gains à 910 euros. Je me couche.
Notaire précise. "C'est ça qu'elle fait de mieux, se coucher !" Rires, irrésistible, en effet. Pit-bull, très en réussite gagne le pot. Avocat et notaire quittent la table. Je dis à notaire "Vous avez les yeux plus gros que le ventre, je n'aurai pourtant pas cru cela possible." Rire général, c'étaient mes premières paroles. Seul Bruce Lee n'a fait qu'esquisser un sourire fugace. Nous ne sommes plus que trois. Pit-bull a 26000 chips, Bruce Lee et moi, environ 7000 chacun. Pit-bull relance constamment de 1500, et remporte toutes les blindes.
Au bout de trois tours, Bruce Lee en a marre et propose all-in. Je me couche, Pit-Bull suit, et gagne. Surréaliste. Nous voilà en tête à tête, voisin de table. En face, derrière le cordon, tout le monde, enfin ceux qui restent, s'est regroupé. Je touche as et roi, je fais tapis, Pit-Bull suit. Je gagne. Plusieurs tours ou je me couche et perd mes mises. Je ne peux pas continuer ainsi, je vais m'affaiblir et perdre. A nouveau je touche paire de dames. Je regarde Mélanie. Intensément. Puis-je réellement perdre une paire de dames ? Je puise de la confiance dans le regard qu'elle a pour moi. Je pousse tous mes jetons au milieu de la table. Imperturbable, Pit-Bull suit. Je montre ma paire de dames, j'entends un murmure dans l'assemblée. C'est une très bonne main, il ne fait de doute pour personne que la partie va se rééquilibrer. Pit-Bull montre ses cartes, Roi et 4.
Je mets ma main sur mon talisman. Le croupier montre la tourne. Trois cartes neutres, un as, un 7 et un 8. Puis, un 2. Ne reste que la rivière. J'exerce une pression sur mon entrejambe. Personne ne peut le remarquer. Le croupier retourne la dernière carte : un roi. La partie est finie. J'ai perdu. Déçue, mais pas abattue, je vais récupérer mon enveloppe, je compte : 2187 euros. Plus d'un mois de salaire ! Docteur D. vient me féliciter, "Vous jouez très bien, je pourrais vous inviter à nouveau ?" "Ben pourquoi pas ?" Puis Mélanie, mais avec Benoit, donc très réservée, mais une bise quand même. Nous retournons tous devant le buffet. Il est près de quatre heures.
Benoit dit à Mélanie "Viens, on rentre…" et moi mordante "Elle est venue avec moi, elle rentre avec moi !" Hésitations et silence. Puis Mélanie écarte les bras, les mains à hauteur de ses épaules, retournées vers le ciel. "Logique, je rentre avec elle…" Nous faisons nos adieux et partons.
Un bon moment plus tard, nous franchissons le pont de l'Ile. Je vais me garer sur la place, complètement à l'opposé de sa maison. J'arrête le moteur, me tourne vers elle, l'embrasse, lui dit merci d'avoir bien voulu m'accompagner, lui dit je suis désolée, l'enlace, manœuvre son siège pour le mettre en couchette, roule sur elle, plonge ma main dans sa culotte. Quelques instants passent, elle se met à accompagner mes caresses, quand ma voiture est prise dans une lumière, les phares d'une autre voiture. Elle me dit "C'est Benoit qui rentre", elle essaie de repousser ma main. Je maintiens ma pression et répond "Il ne peut pas nous voir…" On s'attend plus ou moins à voir apparaître un visage de l'autre côté des vitres de ma voiture. Je trouve cela très excitant. Elle moins, parce que je l'entends compter… quand elle arrive à cent trente, je dis "Mais tu fais quoi ?" "Si à cent quatre-vingts il n'est pas là, c'est qu'il est rentré à la maison". "Pourquoi cent quatre-vingts ?" "C'est comme ça !" Cent quatre-vingts arrive, il n'est pas là…
Mélanie me plaque un gros baiser, ouvre la portière et descend. Je la vois traverser la place, se retourner vers moi, me faire un petit geste mignon. J'allume les phares de ma voiture pour qu'elle soit prise dans la lumière. Elle est belle. Elle ouvre la porte en fer et disparaît…
Je démarre, prend le chemin du retour. Sur les quais, les premières lueurs de l'aube apparaissent…