Leçon n° 1, comme ils disent chez Aubade, tenir un blog demande rigueur et discipline. Et là, je pars vraiment dans l'inconnu.
A ma décharge, je travaillais ce week-end. Samedi en soirée, je suis allée à l'Astroballe. Oui, je suis grande, j'ai donc des distractions de grande. (Pour les non-initiées l'Astroballe est la salle de basket ou joue l'ASVEL). Puis bars, danses et bars à nouveau. Le dimanche étant inclus dans le week-end j'ai travaillé jusque tard, et le soir j'avais les yeux qui tombaient. Lundi matin je suis partie voir mon frère qui habite avec son amie hollandaise au bord du Léman, le lundi c'est son jour de congé, et c'était celui de ma récup…
Nous arrivons au mardi, je travaille de nuit. Je suis devant Roland Garros (quelle sportive !) avec mon ordi, et je vais faire une suite à mon premier billet.
Je suis sortie du bar dans les conditions que vous savez, et je suis allée m'asseoir à l'arrêt de bus en face. J'ai pris mon livre (Sans laisser de trace, de Val McDermid) dans mon sac. Je me suis mise à l'affut. Avec sa robe rouge, je ne pouvais pas la rater. Des gens entraient, sortaient, les bus s'arrêtaient, repartaient, et moi, je sentais pousser mes racines. Puis ce sont mes amies qui sont apparues sur le trottoir. Deux sont parties vers le centre, et l'autre a traversé la rue pour attendre son bus. J'ai fait celle qui ne la voyait pas. Elle m'a dit "qu'est-ce que tu fous ?" J'ai levé les yeux, et j'ai dit "Je lis" et elle "ah oui d'accord" et son bus est arrivé.
Enfin, Elle est sortie ! Elles ont parlé un moment sur le trottoir en face.
Ca me rappelle un truc débile quand je faisais la blonde. Je traversais la rue et je demandais très sérieusement au mec le plus mignon que je trouvais là "C'est ici le trottoir d'en face ?" Et les mecs invariablement me regardaient avec des yeux grands comme des soucoupes, en cherchant à évaluer mon QI. Ils me répondaient "ben non, c'est en face" et moi toujours sérieuse, en montrant un homme sur le trottoir opposé "Vous êtes sûr ? Le mec là-bas, il m'a dit que c'était ici !". Je vous jure, quand on voyait leurs têtes, c'était à faire pipi dans sa culotte.
Bon, j'en étais où ? Elles se sont fait la bise et séparées. Elle, Elle est partie en direction de la Saône. Nous ne l'avons pas traversée. Elle marchait vite, et avec mes talons j'avais du mal à suivre. Nous avons suivi les quais pendant vingt et un kilomètres, puis tourné à droite, à gauche, et elle est entrée dans un immeuble. Je suis passée devant la porte ouverte, juste pour la voir fermer une boite aux lettres. Je me suis embrassée, trop forte. J'ai décidé de la laisser monter, je ne pouvais pas l'aborder maintenant, je n'étais pas trop sûre de mon déodo… Mais, comme on dit dans les polars que je lis, je l'avais logée ! J'ai regardé son nom sur la boite, il y avait deux noms. Quel monde horrible !
Rafael Nadal est en détresse !! Et moi aussi.
Il me restait un peu plus de vingt et un kilomètres avant d'enlever mes talons. J'avais bien mérité un taxi ! En rentrant du travail, demain matin, je passerai mettre des fleurs devant sa porte… Ou un mot. Des violettes, amour caché, amour timide… Non un coquelicot rouge, c'est ma fleur préférée, et puis le sens … Aimons-nous au plus tôt !! J'y vois la main du destin !
En fait, pour raconter mon histoire. Enfin celle qui va arriver. Enfin si elle arrive. Putain, j'ai envie. Mais peur aussi. Non pas peur, mais vous savez, la boule à l'estomac. J'adore.
Deux mots de présentation. Je suis une fille, plutôt grande (1,81) assez mince, assez blonde. Plutôt blonde ! J'ai un drôle de prénom. Enfin aujourd'hui je l'aime bien, mais cela n'a pas toujours été le cas. Je m'en suis inventé beaucoup d'autres. Je l'ai hérité d'un footballeur soviétique des années soixante. Le plus grand gardien de but de l'histoire (source mon père qui me l'a donné). Je m'appelle Lou-Eve. (Le héros de mon père s'appelait Lev, je vous laisser faire les recherches qui s'imposent). Et comme j'ai un nom à consonance nordique, petite à l'école, il y a des jours ou c'était difficile. Surtout à cause du h, dans mon nom, il est là, au beau milieu, mais il ne sert à rien. Bon, je vais en rester là, les plus futés ont saisi : Wolfie, Lou-Eve…
Allez, je reviens à ma boule. J'avais une vie normale, des parents, des amis, un travail, un petit copain. Pas tout le temps, mais de temps en temps, le petit copain. Mon appartement, petit aussi, mais dans la vieille ville et ça, ça vaut un grand. J'ai toujours une vie normale, mais depuis hier soir, il y a une lézarde. Nous étions allées boire un verre, en sortant du travail. Nous nous racontions nos histoires de mecs. Et soudain, deux filles sont entrées, et sont venues prendre place à la table voisine, dont ma lézarde. Elles avaient l'air très liées. Mais moi, je n'arrivais plus à détacher mon regard, je ne participais plus à notre conversation, j'écoutais la leur.
Elle est aussi brune que je ne le suis pas. Des yeux verts, des dents blanches, des mains avec plein de bagues. Plus petite que moi aussi, mais il y en a tant. Et puis si elle met des talons et que j'enlève les miens, cela doit s'équilibrer. Et sur ce que j'ai vu, quand elle s'est penchée pour ramasser son portable qui avait eu la bonne idée de tomber près de moi, des seins plus gros que les miens. Plus âgée que moi aussi, mais quel âge ? Trente, trente cinq ? Ah oui, elle sentait bon aussi, à moins que cela ne soit son amie… Ou le mélange des deux. Elle s'appelle Mélanie et à un beau sourire. Je l'ai entendu, et je l'ai vu. Et tout ça fait que j'ai perdu mes repères et la tête.
Au bout de trois ans, mes copines m'ont demandé ce que je faisais avec la tête du loup de Tex Avery quand il voit la pin-up… (Je sais encore le loup), et que si je voulais changer de table, je pouvais le faire. Bien sûr que je voulais changer de table ! J'ai regardé ma montre, et fait celle qui avait un truc à faire. J'ai fait la bise aux filles, et je suis partie. Je me suis retournée après quelques pas pour leur faire un signe de la main. Et j'ai vu qu'elle me regardait, qu'elle me suivait des yeux. Je me suis sentie rougir, j'ai fait glisser un baiser sur ma main en direction des deux tables voisines. A elle d'interpréter. Je me suis retournée brusquement, et je me suis mangée la serveuse. Le plateau a volé, et là, je suis devenue cramoisie. Aux deux tables, cela a été un grand éclat de rire…