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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 17:03
 
imagesCAA1SGUMJ'étais crevée. J'avais passé une nuit épouvantable. Elle avait commencé naturellement, vers 22:30, avec le débarquement de mes ragnagnas. Et leurs cortèges de petits désagréments. Puis, un peu plus tard, ma collègue avait reçu un appel de son mari. Il l'informait que leur petit garçon était malade. Il ne savait plus trop quoi faire. Elle lui a expliqué. Il a rappelé une demi-heure après. Elle m'a demandé si cela m'ennuyait qu'elle fasse un saut jusque chez elle. Elle flippait.
Elle m'avait rendu service l'autre jour. Je ne pouvais pas lui refuser. Dès qu'elle est partie, deux clientes ont commencé chacune un one-woman-show. J'ai passé des heures à aller de l'une à l'autre. Il n'y avait rien qui allait. Ma collègue est revenue vers 5:30. J'avais une tête de déterrée. Au passage de service, la princesse Carotte me l'a fait remarquer. Elle m'a dit "Bon, je ne te vois pas ce soir…" "Ben, non, je travaille…" Mais sans être désagréable. Plutôt amicale, complice. Elle m'a tendu un bristol avec son numéro de portable. "Si tu te sens mieux samedi, et que tu n'as rien d'autre de prévu, appelle-moi…" J'ai souri, et j'ai pris le petit carton.
Lorsque je suis rentrée dans mon appartement, tout de suite, j'ai vu Mélanie, allongée sur le canapé la mine défaite. Elle a levé les yeux vers moi, elle avait pleuré. J'ai pensé qu'elle s'était fritée avec son mec. "C'est ton mec ?" "Non, non, j'ai saigné…" J'ai eu envie de lui dire "Moi aussi…" Mais j'ai senti qu'elle n'allait pas apprécier. Son visage était marqué par l'inquiétude. J'ai fait ma professionnelle. "Tu veux me montrer ?" Elle s'est étendue. J'ai fait mon examen. Bon, elle ne saignait plus. Je l'ai rassurée. J'ai essayé au moins. Mais c'est resté sans effet. Cela tournait un peu à la panique.
J'ai dit "Habille-toi, je t'emmène aux urgences." Cela n'a pas eu l'effet escompté. "Ah, tu vois, toi aussi tu penses que c'est grave…" "Non, c'est juste pour te rassurer, avoir l'avis d'un médecin…" Nous sommes parties. Arrivées à l'hosto, nous étions au moins cinquante à attendre. C'était la fin de service de nuit. Comme ça, à vue de nez, nous en avions pour des plombes. J'ai demandé à Melosh si elle voulait rester. Elle m'a fait un petit signe de tête désolé pour dire oui. J'ai pris une revue. J'ai mis ma main dans la sienne.
Les urgences, si vous voulez vous regonfler le moral, c'est ce qu'on fait de mieux. Entre les vraiment malades et les tarés. Nous attendions depuis trois quarts d'heure, quand j'ai vu passer une fille qui avait fait l'école avec moi. Je me suis levée, et suis allée la voir. Je lui ai expliqué, en lui demandant si elle ne pouvait pas nous faire passer tout de suite. Elle était ok, elle en terminait juste avec le mec dont elle s'occupait, et venait nous appeler. Elle m'a demandé le nom de Mélanie pour récupérer sa fiche.
Un quart d'heure plus tard, elle est arrivée. Une fiche à la main, elle a appelé Mélanie. Des personnes ont fait le rapprochement entre mon intervention, et le fait que Melosh passe avant les autres. Il y a eu des protestations, mais ma copine infirmière a coupé court en disant que Mme de P. était enceinte. Elle m'a demandé d'attendre ici. Mélanie m'a demandé d'appeler sa boutique pour prévenir. Elles sont parties toutes les deux. Le nom de Mélanie a provoqué des réactions hostiles. Style "Ah oui, Madame de… passe avant les autres…" J'étais en pays ennemi. Je suis sortie pour utiliser mon portable. Puis, j'ai repris place. J'ai pris une revue, croisé les jambes, et me suis murée dans l'indifférence.
Plus le temps passait, plus l'inquiétude me gagnait. Il était presque midi quand je me suis décidée à aller me renseigner au bureau d'arrivée. La fille m'a demandé de patienter, et elle est partie aux nouvelles. Elle est revenue dix minutes après. Elle m'a dit qu'ils l'avaient emmenée au service gynécologie. Super, je commençais vraiment à flipper. La fille a été sympa, elle a téléphoné pour avoir des nouvelles. C'était terminé, Mélanie revenait, elle allait arriver d'une minute à l'autre.
Elle a franchi la porte. Elle souriait. Elle était belle. Lumineuse. Rassurée. Elle m'a expliqué que ce n'était rien, que cela arrivait quelquefois, qu'il n'y avait nullement matière à s'inquiéter. J'ai dit "Ah bon ??" Je l'ai prise dans mes bras, on a ri. J'étais crevée.
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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 13:58
753808_viol-conjugal.jpgCe matin, j'avais envie d'arriver tôt chez moi. Mélanie avait choisi de s'installer… pour trois jours. Elle faisait souvent cela quand je travaillais la nuit. Pour avoir à me supporter moins longtemps ? Pour s'imprégner de moi, pendant mon absence ? Il suffirait de le lui demander ! Mais, je ne suis pas une fille à aimer avoir des explications claires. J'adore flotter entre les sentiments. Ne pas vraiment savoir, juste avoir des pistes. M'égarer peut-être. J'ai demandé à la fille qui partageait ma nuit (de travail…) si cela l'ennuyait que je parte un peu plus tôt. Cela ne l'ennuyait pas.
J'avais envie d'être présente au réveil de Mélanie. Peut-être même de la réveiller avec des caresses et des baisers. D'autant qu'arrivait la pleine lune, et pour moi, les inconvénients qui s'y rattachent. Bon, ce n'est pas vraiment que mes règles m'empêchent de faire l'amour. Mais presque, je n'aime pas. Je ne me sens pas à l'aise avec mon corps dans cette période-là. Il m'est déjà arrivé de le faire, mais j'avais une retenue, et donc… Je n'ai jamais recommencé. Heureusement, elles ne sont pas longues. Mes règles.
J'ai ouvert la porte, posé mon sac à main, quitté mes escarpins, et suis allée à la chambre. Mélanie dormait, allongée sur le ventre. Je me suis dit qu'elle avait raison d'en profiter. Que ça n'allait pas durer. J'ai fait valser mon jean. J'ai retiré doucement la couette. Elle dormait, avec juste un léger soutien-gorge. Ce qui, selon notre code tacite, était une réelle invitation… Je l'ai découverte entièrement.
La vue de son corps offert me procurait toujours autant d'émotions. Je ressentais un violent désir dans les profondeurs de mon ventre. Je le laissais grandir lentement en promenant mon regard sur ses formes. Je l'aidais un peu, aussi, avec mes doigts. J'étais bien. Troublée. Emue. Doucement, je me suis allongée près d'elle. Puis collée à elle. J'ai parcouru lentement ses fesses avec mon majeur. Elle a grogné un peu, s'est tournée vers moi. J'ai cueilli ses lèvres, pendant que mes mains s'égaraient dans son soutien-gorge. J'ai entouré ses jambes avec les miennes.
Nous sommes restées ainsi, face à face, à nous embrasser consciencieusement pendant la moitié d'un siècle. Avec juste le bruit de nos baisers mouillés. Je respirais son odeur de nuit. Juste avec la faible lueur d'une lumière provenant du salon. J'ai déboutonné entièrement ma chemise pour profiter de la douceur de sa peau. J'ai serré mon ventre contre le sien, tenant toujours mes jambes autour des siennes, mais les remontant juste au-dessous de son derrière.
Et puis j'ai dégrafé son soutif, et l'ai envoyé balader derrière moi. J'ai mis les mains sur ses seins, comme des coupes. "Ils n'ont pas encore grossi. J'ai trop hâte de te voir avec une poitrine de vixen…" Elle m'a pincé à la taille. Je me suis dit que j'aimais cette fille. Je me suis dit que j'en étais dingue. J'ai mis ma langue dans son oreille. Elle s'est tortillée contre moi. Je lui ai dit que j'étais désolée, mais que je l'aimais. "Pourquoi désolée ?"
Je ne sais pas pourquoi j'avais dit désolée. Je lui ai souri. Je l'ai embrassée. "Parce que je suis chiante, et que tu n'as pas fini de t'en voir, avec moi…" "Je ne te trouve pas chiante, bien au contraire. J'en connais beaucoup, qui à ta place, me feraient scènes sur scènes…" Je lui ai tourné le bout d'un sein, entre pouce et index replié. "Ah oui, tu en connais beaucoup ???" Elle a crié. "Mais t'es dingue, tu me fais mal…" En riant. "D'ailleurs, j'ai eu une scène…" "Ton mec ?" "Oui, Benoît, c'est reparti…" Je ne pouvais pas vraiment dire que cela m'attristait. Même si, je savais bien que Mélanie allait en souffrir.
J'ai mis mes lèvres sur son cou, mes mains partout ailleurs. Nous avons fait l'amour brutalement. Comme dans l'urgence. Comme si le temps nous était compté. Nous nous sommes écartées, haletantes. Allongées chacune sur le dos. J'ai mis ma main dans la sienne. Nous avons gardé le silence pendant que nos cœurs s'employaient à retrouver un rythme normal. Nous nous regardions. Souriantes. Je sentais monter mes larmes. Je les ai laissées s'échapper. Elle s'est rapprochée de moi. "Ne pleure pas, ça ira…" J'ai souri dans mes larmes. "Ce n'est rien, juste de l'émotion. Il faut que cela sorte…" Elle me caressait le visage. Je me disais, que c'était moi qui aurais dû la réconforter, que c'était à moi d'être forte. La plus forte des deux.
Lorsqu'elle s'est levée pour se préparer à aller travailler, je n'ai pas pu rester couchée, comme j'en avais l'habitude. Il fallait que je sois près d'elle. Que je l'accompagne dans chacun de ses gestes matinaux. Nous avons bu le café, elle pomponnée, prête pour sa journée de travail, moi, en culotte et chemise ouverte, le soutien-gorge devenu inutile. Je suis allée jusque vers la porte d'entrée avec elle. Nous nous sommes embrassées prudemment. Pour ne pas démolir son maquillage. J'irai la retrouver dans l'après-midi.
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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 17:48
56714-light-blue-bella-donna-organic-shirt-sales-50-.jpgEn rentrant, ce matin, j'ai fait les trucs habituels. Allumé mon micro, répondu à mes messages, démaquillée, déshabillée et couchée. Il était 8:30… Au réveil, vers 14:00, un message m'attendait sur mon portable. Philippe m'invitait à déjeuner. Deux options. Un, la goujate gardait le silence, deux, la qui sait vivre appelait pour s'excuser. La goujate est partie voir son amour de tous les jours, elle avait envie. De son odeur, de son parfum, de ses yeux, de sa douceur.
Elle s'était habillée avec une chemise de mec, blanche. Sur un soutif, blanc aussi, tout en dentelles. La chemise très ouverte, pour bien laisser la dentelle en vue. Elle avait prévu une jupe courte, mais avait finalement opté pour un jean. Et son perfecto en cuir. Avec pour finir, des escarpins. Pour casser le côté mec de sa silhouette. Et les cheveux lâchés. Parce que prise par le temps.
Sur le pont Bonaparte, mon téléphone a sonné. C'était Philippe. "Pourquoi ne m'avez-vous pas répondu ?" "Parce que je dormais…" "A midi passé ?" "Je travaille de nuit, cette semaine…" "Vous êtes où, en ce moment ?" "Sur le pont Bonaparte…" "Il est où ce pont ?" "Sur la Saône…" "Pas plus avancé. Vous allez où ?" "Voir la femme de ma vie…" "Ne vous moquez pas…" "Je ne me permettrai pas !" "Vous avez un moment pour moi ?"
Est-ce que j'avais envie de voir l'avocat ? Aujourd'hui pas vraiment. J'attachais mes cheveux en un improbable catogan. Beaucoup moins élaboré que celui de Lagerfeld.  "Quand et où ?" Tout moi, ça. De la suite dans les idées. "Je suis à la Part Dieu…" Je l'ai interrompu : "Ah ben, j'y vais, justement !" "Qu'est-ce que vous pensez du Lafayette, au niveau 3, je suis devant…" "Ok, j'accours…"
Je suis arrivée au centre commercial, près d'une heure plus tard, le temps de monter au troisième niveau. J'étais sûre qu'il ne m'avait pas attendue. Une heure ! Je suis passé devant le café. Je n'ai vu personne de connaissance. Juste quelqu'un caché derrière l'Equipe pouvait être lui. Un avocat lisait-il l'Equipe ? Pourquoi pas, je le lisais bien, moi. Je me suis approchée. C'était lui.
"Eh bien, vous êtes patient, je n'aurai pas attendu, moi…" "Bonjour, mais c'est normal, vous êtes une femme, on ne fait pas attendre une femme…" "Je suis désolée, je suis à pied." "Ce n'est rien… Si j'avais voulu…" Il m'a montré son ordinateur portable. Je me suis assise. "Vous prenez quoi ?" "Un Perrier tranche." Il semblait hypnotisé par mon décolleté. Nous avons bavardé de choses de manière informelle. Des chances de la France contre la Bosnie. Des primaires socialistes. De mon travail. "Et qui est la femme de votre vie ?"
Rattrapée par le scandale. Ça m'apprendra à dire n'importe quoi. Il fallait bien que je dise quelque chose. "Ma vendeuse de soutien-gorge préférée…" Instinctivement, son regard a plongé. "Vous avez un soutien-gorge préféré ?" "Non, une vendeuse…" "Je ne sais pas comment interpréter cela…" "Qu'est-ce qui vous pose problème ?" "Ah, mais rien. Seulement la femme de votre vie est-elle la femme dans sa fonction où la femme elle-même ?" "En fait, vous vous demandez si je suis une goudoue ?" "Je ne l'aurai pas dit ainsi…" "Oh, s'il vous plaît, dites-le avec vos mots…"
Je voulais l'embarrasser. "Mais, je l'ai dit avec mes mots… Et vous m'avez répondu par une question." "Et comment va Emeline-Claire ?" Il aurait pu être lourd. Il m'a épargnée. "Très bien, elle a été ravie de faire votre connaissance. Vous l'avez séduite." Je sentais que je perdais pied. Je ne savais pas trop comment interpréter sa dernière phrase. Je me faisais encore des idées. Sans doute. Mais, si je voulais passer un moment avec Mélanie, il fallait que je prenne congé. "Je suis désolée, mais ma vendeuse préférée doit s'impatienter…" "Oui, je comprends, je vais vous laisser aller…" "Merci." Je me suis levée, je suis allée régler les consommations. Je l'ai entendu protester. Je me suis retournée, lui ai fait un geste de la main.
Je suis arrivée à la boutique de Mélanie. Elle était occupée à encaisser une cliente. Elle m'a vue, m'a fait son petit froncement de sourcil. Et j'ai été prise d'une envie soudaine de l'entraîner dans une cabine d'essayage, et de déranger le bel ordonnancement de sa tenue. De la chiffonner. De la bousculer. C'est resté au stade de l'envie. Mais, mes yeux lui faisaient clairement comprendre. Elle a souri, secoué un peu la tête, en me gratifiant à nouveau du petit froncement. J'ai pensé à l'ours Baloo. Il en faut peu pour être heureux…

 
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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 19:33
Ste-Eulalie-014.jpgNous roulions depuis moins d'une heure, avions juste passé Saint Etienne, que Mélanie dormait déjà. J'adore conduire, avec quelqu'un abandonné à mes côtés. La route, une musique que j'aime, une fille abandonnée, un morceau de bonheur. Nous sommes arrivées à Sainte Eulalie, il était près d'une heure du matin. La maison était noire, silencieuse. Je me suis garée sur la place. J'ai réveillé Mélanie, nous avons pris nos sacs. Ses parents n'avaient pas verrouillé la porte d'entrée. Le charme des petits villages.
Nous sommes montées dans notre chambre. Mélanie était trop endormie pour se démaquiller. Elle s'est affalée sur le lit. Je l'ai déshabillée, mise sous la couette, embrassée. J'ai mis un foulard sur l'abat-jour de la lampe de chevet pour assombrir la pièce. Je suis allée à la salle de bains me préparer pour la nuit. Et puis la porte s'est ouverte, j'ai étouffé un petit cri. C'était Manon, la jeune sœur de Mélanie.
Elle s'est jetée dans mes bras. "Oh, tu es toujours avec Mélanie, je suis contente…" "Ben, moi aussi, mais tu devrais dormir…" "J'attendais Mélanie, en lisant… J'ai compris à vos voix, qu'elle n'était pas venue avec Benoît…" J'avais fini de me démaquiller. "Je suis un peu crevée, on se voit demain ?" Il m'a semblé qu'elle boudait.
Ce sont les mains de Mélanie qui m'ont réveillée. Entre mes jambes écartées. Et ses lèvres, sur ma joue. Et ses mots "Merci de m'avoir conduite … et couchée." Nous avons trainé au lit, jusqu'à plus de midi. Quand nous sommes descendues, ses parents se mettaient à table. Manon n'était pas là. Pendant le repas, j'ai demandé au père de Mélanie s'il avait regardé le match. Il m'a dit que la France avait gagné. En rugby. Contre l'Angleterre. Je n'aime pas les anglais. Ce que Chouk appelle des "ours", pour moi ce sont "les anglais" Chacune ses névroses.
Et puis Mélanie leur a dit qu'elle avait quelque chose de très important à leur annoncer. Sa mère s'est levée, et est allée l'embrasser. Elle n'avait encore rien dit. Son père les regardait avec l'air d'une poule devant un couteau. Mélanie a dit "J'attends un bébé" Je me suis tournée vers elle, et elle a repris "J'attends une bébé…" En riant. Son père a eu l'air content, mais il a répondu "Et pourquoi tu n'es pas venue nous l'annoncer avec Benoît ?" Oui, pourquoi ? Il y a eu un blanc de trois heures. Puis Mélanie a choisi de temporiser. Enfin, je l'ai ressenti ainsi. "Il avait un séminaire ce week-end…"
Je ne connaissais pas vraiment les intentions de Mélanie. Vivre avec moi ? Vivre avec Benoît ? Continuer à se partager, comme elle l'avait fait ses derniers temps ? Je n'avais qu'à le lui demander. Mais, je me trouvais bien dans cette incertitude. Je n'étais pas curieuse de savoir. Je trouvais mon compte dans cette relation au jour le jour. Juin était loin encore.
Le reste du week-end s'est déroulé sans histoire. Je sentais bien, que pour les parents de Mélanie, les choses avaient changées. Je n'étais plus vraiment la première option. En fait, je ne savais pas si je l'avais été un jour. Mais là, l'image d'un couple classique s'imposait à l'évidence. Mélanie me rassurait par des gestes, des attentions. Je sentais qu'elle avait peur que je sois blessée. Par leur attitude.
Le dimanche soir, nous avons décidé d'emmener Manon à son lycée à Rodez. Elle pouvait y dormir la nuit de dimanche à lundi. Cela nous faisait faire un détour important, mais lui évitait de prendre le car, très tôt le lendemain. Elle était ravie. C'est moi qui l'avais proposé. Je l'ai complimentée sur ses cheveux qui poussaient. Sur sa manière de s'habiller. Plus féminine. Elle était assise sur la banquette arrière. Elle s'est avancée pour m'embrasser sur la joue. J'ai lâché le volant de la main droite, et avec le dos, lui ai caressé la joue. J'aimais bien cette gamine.
Puis, une fois notre mission remplie, nous avons repris la route de Lyon. Mélanie a bavardé vingt minutes environ, puis s'est endormie, bercée par les virages. Nous sommes arrivées vers minuit à Lyon. Mélanie a dormi chez moi. Serrée contre moi. En me disant qu'elle m'aimait. Qu'elle était vraiment bien avec moi. Etait-ce une réponse ?
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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 15:23
images-copie-3.jpgCette fois, pas d'appel en absence. Il avait compris à quelle heure je terminais mon travail. Dès que j'ai eu posé le pied sur le trottoir, devant la clinique, Brenda Lee s'est trouvée désolée. "Bonjour, c'est Philippe ! Nous le faisons ce poker aujourd'hui ? Puisque demain soir, vous partez en week-end… Et là, cela vous laisse le temps d'aller vous changer…" Il reprenait un peu nos thèmes de la veille… "Je vous prends à 20:00 ou je vous ai laissée hier…" "Ok, passez, si je n'y suis pas, ne m'attendez pas…" Qu'est-ce que j'allais me mettre ?
Je suis rentrée chez moi, façon Usain Bolt. Je me suis douchée, maquillée, parfumée, coiffée. Je me suis plantée devant mon armoire… Je ne savais pas. J'ai commencé par les bijoux. Le sautoir de ma grand-mère, un jonc au poignet, deux bagues et mes grosses créoles aux oreilles. Que de l'or. Par ces temps difficiles, et au cours de l'or, c'était l'aventure. Mais, c'était encore insuffisant pour le casino. Ils me refuseraient l'entrée… J'étais nue devant mon psyché. Là, on pouvait dire que je n'avais rien à me mettre…
Je finissais de gravir les dernières marches de ma rue, lorsque sa voiture s'est garée sur le petit parking d'un immeuble. J'avais opté pour la robe blanche que j'aimais beaucoup, et mes bottines Arche. Il n'était pas venu seul. Il y avait une femme blonde, sur le siège du passager. Il est descendu, a fait le tour de sa voiture, m'a ouvert la portière arrière. "Vous mourriez d'envie de connaître ma femme, la voici, Emeline-Claire. Chérie, je te présente Lou-Ève. Elle était un peu plus âgée que moi. Du moins c'est ce que j'ai voulu croire. Plus petite, autant que je puisse en juger, plus ronde aussi. Enfin, comme disait mon frère Jules, "Toi, chez les anorexiques, tu ne serais pas traitée pour l'obésité…" Les cheveux courts, coiffés à l'arrière, un peu manière "J'adore" de Dior. J'aimais beaucoup. Elle sentait bon.
Pendant le trajet, j'ai appris qu'elle aussi, était avocate. Que son père l'était aussi. Qu'ils n'avaient pas d'enfant. Qu'elle n'était pas prête pour cela. Que Philippe lui avait parlé de moi. Qu'il lui avait donné envie de me connaître. Est-ce que cela m'ennuyait ? Et patata, et patato…
Elle ne s'arrêtait jamais ? J'ai eu envie de la provoquer. Elle avait l'air si sûr de tout. Et surtout, je me demandais pourquoi, lui, l'avait amenée. "Ce n'est que pour jouer au poker…" "Ah bon ?" En se retournant vers moi, les yeux écarquillés. Raté. En plus, elle se foutait ouvertement de ma gueule. Dans le rétroviseur, j'ai vu le visage de Philippe s'éclairer d'un sourire. Que j'ai interprété comme moqueur. Il appréciait la passe d'armes.
Nous sommes arrivés au Pharaon. Il avait l'air comme chez lui. Des tas de gens le saluait. Il faisait les présentations. Nous avons choisi de nous installer à la même table. Chacun séparé par deux autres joueurs. Nous étions les deux seules femmes. Je me suis mise dans ma position privilégiée. Pieds joints, jambes serrées, mains appuyées sur le front, couvrant mes yeux. Et sur les premiers tours, auxquels je ne participe jamais, sauf main privilégiée, j'ai observé les autres joueurs. Etudié leurs tics, leurs comportements, leurs manières de jouer.
Emeline-Claire a été la première à quitter la table. Elle est venue se placer derrière moi. M'a posé les mains sur les épaules. Le croupier lui a demandé de bien vouloir se reculer. J'ai levé la main, et dit, d'une voix la plus grave possible, qu'elle ne me dérangeait pas. Façon vamp. Elle a accentué la pression sur mes épaules. Puis au fil des tours, trois autres joueurs ont perdu. Nous n'étions plus que cinq, pour trois places primées. Philippe et moi étions les plus menacés. A la fin, j'ai terminé deuxième, Philippe quatrième. J'avais eu la chance de trouver une couleur à un moment opportun. Ce que j'avais gagné nous remboursait presque tous les trois. Emeline-Claire n'a pas voulu que je partage.
Nous sommes allés au bar. Je leur ai dit que j'offrais un verre. Puis, je suis allée perdre mon argent durement gagné aux bandits manchots. Lorsque Emeline-Claire a manifesté le désir de rentrer, mon bénéfice n'était plus que d'à peine une centaine d'euros. Philippe m'a proposé d'aller boire un dernier verre chez eux. C'était compliqué. D'une part, je savais que j'allais conduire une grande partie de la nuit suivante, et d'autre part, il devrait me ramener chez moi après… Emeline a proposé que je dorme chez eux. J'ai hésité, Mélanie était chez elle, ce soir, elle préparait sa valise pour le week-end.
J'ai refusé, prétextant mon départ du lendemain, et mes bagages à préparer. En fait, j'ai refusé parce que je me suis fait un film avec le triolisme. Ils étaient trop avenants avec moi. Cela devait cacher quelque chose, un but inavouable. Je les imaginais bien avoir fomenté un plan pour m'attirer dans leur lit. Pimenter leurs ébats. D'autant Emeline-Claire était très insistante. Et, du coup, je me demandais si je n'avais pas raison. J'ai tenu bon, et promis pour une autre fois.
Quand ils m'ont déposée, en haut de ma rue, Emeline m'a embrassée, et chuchoté à l'oreille, d'une voix suave "Dommage…" Philippe s'est contenté de me faire une bise sur chaque joue, en me serrant contre lui. Soit j'étais très imaginative, et ils étaient seulement gentils, soit j'étais vraiment très perturbée sexuellement… Mon week-end, dans les contrées reculées de l'Aveyron, allait me faire le plus grand bien.
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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 09:49
parking.jpgMidi. Nous mangions Chouk, Emilie et moi, dans une pizzeria voisine. Brenda Lee nous a interrompues. Numéro inconnu. "Lou-Ève ?" J'aime bien les gens qui m'appellent et me demandent si c'est bien moi. "Ben oui…" "Madame Notaire à l'appareil…" Ah ben, si ce n'est pas vieille France ça ! "Est-ce que vous m'autoriseriez à communiquer votre numéro de portable à un ami ?" On notera le conditionnel… "Mais, quel ami ?" "Une personne qui était chez nous l'autre soir, pour le poker…" Ok, le dénommé Philippe quoi ! Autorise-je ? "Vous m'entendez ?" "Oui, oui…" "Très bien,  merci, bonne journée à vous…" Mais… Je n'avais pas autorisé, je l'entendais, c'est tout. Elle avait raccroché.
Je devais faire une tête de circonstance, parce que Chouk a enchainé "Putain, il t'a raccroché au nez ?" "Non, non, c'était… une amie" Bon, il aurait mon numéro. La belle affaire. Mais il s'en est servi. En sortant, j'ai vu que j'avais eu deux appels en absence. Le troisième m'a cueillie sur le trottoir, devant la clinique. "Bonjour, je suis Philippe, vous vous souvenez de moi ?" J'ai eu envie de dire non, pour voir… "Oui, oui, très bien…" "C'est notre hôte qui m'a donné votre numéro…" Là, je devrais répondre : ah, la salope. Juste pour voir sa tête, que je ne verrai pas, d'ailleurs. "Oui, elle m'a prévenue…" Nous sommes chez les gens du monde. "Vous êtes disponible en ce moment ?" Non, non, je suis maquée. "Disponible ?" "Oui, vous faites quoi, en ce moment ?" "Je sors du travail…" "Cela vous dit de venir boire un cocktail avec moi ?" Est-ce que cela me disait ? Est-ce que j'avais vraiment envie de commencer une histoire avec un mec ? Et marié en plus… "Votre femme sera avec nous ?" Il a ri. J'ai bien aimé. "Non, ce soir, elle est retenue… Alors, ce cocktail ?" "D'accord…" "Venez me retrouver au Comptoir de la Bourse, place de la Bourse…" "Elle est où cette place ?" "Sur la presqu'ile, à hauteur du pont Lafayette… Je vous attends…" "Ok, donnez-moi un quart d'heure…"
Quand je suis arrivée devant le bar, je me suis remis du rouge à lèvres, et du parfum. Je suis entrée. Il y avait beaucoup de types en costard, soit au bar, soit à des tables. Mais quelques étudiants aussi, enfin des garçons plus ou moins de mon âge. En baskets. Et Desigual ! Plein de tête se sont tournées vers moi. Estimant la marchandise. J'avais mon pantalon de cuir noir, un tee-shirt rose de la ligue féminine de basket, des talons raisonnables. Mes cheveux noués dans le dos, en une grande natte tressée. Philippe s'est levé pour venir m'accueillir. "Vous avez fait vite, je n'ai pas eu le temps de m'impatienter…" J'ai souri, et pris place en face de lui. Il a levé la main, et la serveuse est arrivée dans l'instant. J'ai choisi un Black Kremlin,  (Vodka + crème de café) lui, un mojito. Sur la carte, en forme de une d'un quotidien.
Nous avons parlé gentiment du temps qu'il faisait. Puis il a enchainé. "J'aime beaucoup votre prénom. Lou-Ève… Il a un fort accent d'ambiguïté. D'un côté, le loup, animal sauvage, avec une réputation de grande cruauté. Réputation infondée, à mon avis, parce qu'animal sociable et très proche des siens… et de l'autre Ève, la femme qui succombe à la tentation. Celle qui n'hésite pas à perdre le paradis pour un moment de plaisir. C'est vous, tout cela ?" J'écoutais en faisant tourner le liquide dans mon verre. L'air absorbé par ma tâche. J'ai relevé les yeux pour croiser son regard. "Vous êtes psy ?" Sourire. Craquant. "Non, avocat…" "Je ne sais pas, mais j'aime bien votre explication…"
Notre conversation s'est prolongée. Il m'a proposé un autre verre. J'ai décliné. Je n'avais pas envie de perdre le contrôle. Il était charmant. Soigné, était le mot qui m'était venu immédiatement à l'esprit. Jusqu'à ses ongles bien nets. Nous avons alterné les sujets de conversations. Spectacles, sports, un peu de politique, la mode. Deux vieilles amies. Ou deux inconnus cherchant à se découvrir. J'ai regardé l'heure. Il a remarqué ma montre. Le marteau, la faucille et l'étoile rouge. "Vous êtes communiste ?" J'ai ri. "Non, non, enfin pas stalinienne… J'ai fait une croisière Moscou-Saint Petersbourg cet été…" Il m'a questionnée, j'ai raconté. Sans Leena. Le temps s'écoulait agréablement.
Et puis, sans que je sache vraiment qui en avait pris l'initiative, nous nous sommes levés. Il s'est arrêté au bar pour régler les consommations, et nous sommes sortis. "Je vous raccompagne ?" "C'est un plan pour connaître mon adresse ?" Il a ri. "J'ai votre téléphone, je n'ai pas besoin de votre adresse. Mais donnez-la moi, cela lèvera le doute…" J'ai ri. "Ma voiture est aux Cordeliers, vous venez ?" Je l'ai suivi. Arrivés à l'étage ou était sa voiture, je lui ai pris la main. C'était un réflexe. Les parkings souterrains, bon, ici en étage, ne me laissent pas indifférentes. S'il a été surpris, il n'en a rien montré. J'ai expliqué. "Je suis mal à l'aise dans les parkings…" Il m'a souri, rassurant.
Arrivés à hauteur de ma rue, je lui ai montré les marches qui descendaient vers Saint Jean. "Voilà, je vais finir à pied…" "Vous êtes attendue ?" "Puo essere, chi lo sa ?" "Nous pourrions aller jouer au poker au Pharaon…Il est vingt heures, nous avons juste le temps…" Et voilà, tentée. "Une autre fois…" "Alors, vous êtes attendue…" Nous nous sommes fait la bise. Il m'a dit qu'il avait eu beaucoup de plaisir à partager ce moment avec moi. Qu'il espérait pouvoir le refaire bientôt… Allez, une vidéo kitsch...

 
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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 10:17
imagesCAGS4F16.jpgEn arrivant à la clinique, il fallait que je m'arrange pour voir la princesse Carotte. Je devais lui parler. M'exposer aux sarcasmes qu'inévitablement elle déverserait sur moi. Une fois habillée en professionnelle (infirmière !), je tournais en rond dans la salle de garde. Feuilletant un "Elle" que je venais d'acheter. C'est Chouk qui est arrivée la première. Je n'avais pas envie qu'elle s'éternise. Pas envie qu'elle n'entende notre conversation. J'ai été froide. Elle n'a pas du bien comprendre. Elle est partie en me regardant d'un drôle d'air. Je me rattraperai.
Puis, cela a été le tour d'Emilie, et d'une autre fille. J'aurai beau être désagréable, je ne les ferai pas partir toutes les deux. J'ai parlé à Emilie. Lui ai expliqué que j'avais un truc perso à voir avec Carotte. Lui ai demandé de s'arranger pour entraîner l'autre fille. Elle l'a fait. Et puis la princesse Carotte est arrivée. Et, en voyant mon air de chat se demandant comment faire pour que ce con de poisson rouge sorte de son bocal a dit "Tu as déjà trouvé ton excuse pour vendredi, ou tu cherches encore ? Je peux t'aider ?"
J'ai expliqué. Enfin essayé. Ma copine Mélanie m'a demandé de l'accompagner ce week-end à Sainte Eulalie. C'est l'anniversaire de son père. Elle voudrait en profiter pour annoncer à ses parents qu'elle sera bientôt maman. Nous devons partir, le vendredi à la fin de notre journée de travail. Je ne pouvais pas lui refuser cela. D'autre part, je n'en avais nullement l'envie. Est-ce qu'elle (la princesse Carotte) pouvait comprendre cela ?
Elle comprenait très bien. Moins pourquoi c'est moi qui devait l'accompagner, et pas le père. Elle comprenait surtout qu'une fois de plus, j'avais un prétexte pour annuler. Elle m'a demandé. "Et la semaine prochaine, tes règles peut-être ?" "Oui, mais je crois que le week end, ce sera terminé…" "Oh, tu crois ? Mais, tu ne devras pas aller chez papa et maman ?" Je savais que je l'avais mérité. Mais quand même, elle me gonflait. Mais quand même, je n'avais pas envie de m'embrouiller définitivement avec elle. "La semaine prochaine, je suis de nuit. Mais le week end, je serai entièrement dispo…" "Et ta copine, elle fera quoi ?" "Elle a un truc prévu…" "Oh mon Dieu, quelle chance… Mais d'ici là, tant de choses peuvent se passer…" "Peut-être, mais c'est comme ça ! Tu fais avec, ou tu ne fais pas !" "Eh bien, ma grande, on va en rester là. Je crois que c'est mieux pour tout le monde. Et si vraiment un jour, tu es décidée, tu m'en reparles..." Elle a quitté la pièce en me faisant un geste gracieux avec la main.
En sortant, le soir, j'ai attendu Chouk. Je lui ai proposé d'aller boire un verre. Lorsque nous avons été servies, elle a attaqué "Tu avais quoi, ce matin, tes ours ?" Les règles de Chouk sont des ours. "Non, il fallait juste que je parle à K., en tête à tête…" "Tu t'es embrouillée avec elle ? A cause du poste d'assistante ?" "Non, non, rien à voir. Juste un projet que l'on a ensemble, et qui n'arrive pas à se concrétiser…" "Tu as un projet avec elle ? C'est quoi ?" Ben, oui, Chouk était curieuse. Je voyais bien qu'elle était intriguée. Qu'est-ce que je pouvais bien avoir en commun avec la princesse Carotte ? Puis, comme à son habitude, elle est passée à autre chose. "Tu m'as bien dit que tu avais joué au basket ?" "Oui, oui, mais il y a deux ans que j'ai arrêté." C'est l'une des choses que j'aimais bien, chez Chouk, ses virages à 180°. "Et, ça ne te dirait pas de reprendre ? Tranquille…" C'est vrai que Chouk, avec son physique à la Kate Moss, en plus petite, jouait au basket. Ça me surprenait toujours. Mais comme le disait ma grand-mère, c'était une brasse-bouillon.
Je lui ai dit que j'avais arrêté à cause du boulot, des nuits et des week-ends… Pour elle, c'était une fausse raison, parce qu'elle continuait bien. Que je courais, que j'étais en forme, qu'elles avaient besoin (son équipe) de grandes, qu'elle était sûre que ça le ferait. J'ai ri. J'aime bien l'enthousiasme de cette fille. J'ai dit que j'allais y réfléchir. "Ben, grouille toi, parce que la saison commence…" Et puis, nous avons parlé d'autres choses. Plus essentielles. Les mecs, les socialistes, secret's story, l'été qui se prolonge, les films qui passaient… Que du lourd, aujourd'hui !
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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 14:19
corsetJ'avais décidé d'aller jouer au poker chez Notaire habillée en gothique. Pour deux raisons. La première par provocation. Bousculer un peu tous ces mecs en costard, et ces femmes en robes de soirée. La deuxième, parce que je me trouvais belle ainsi. Vraiment très belle. Je suis arrivée en retard. Je l'ai été plus encore, parce que le vigile, devant la porte, ne voulait pas me laisser passer. Aujourd'hui, ce n'était pas mon ami Tintin, le géorgien. Cela lui paraissait très improbable que la fille en corset décolleté, jupon et doc Martens ait ses entrées en ce lieu. Il a finalement consenti à appeler quelqu'un.
Madame Notaire est arrivée, très femme du monde, m'a toisée comme si j'étais le diable. Puis elle m'a reconnue, et son visage s'est illuminé. "Oh, mais c'est notre charmante Lou-Ève…" Elle m'a plaqué deux bises sonores, m'a entouré les épaules de son bras, et conduite au sous-sol, ou se tenaient les tables de jeu. "Pourquoi n'êtes-vous pas venue me rentre visite…" Je n'avais pas eu envie. Voilà. J'ai bredouillé une excuse adaptée. En entrant elle a claironné "Elle est arrivée finalement… se faire attendre c'est le privilège des jolies femmes…" J'aurai voulu surtout me faire discrète. C'était un échec. Toutes les têtes se sont tournées vers nous. Et ma tenue a suscité diverses réactions.
Il ne restait qu'une place de libre, à la table n°3. Je m'y suis assise. Il y avait deux autres femmes à cette table, et une à chacune des autres tables. Le jeu a commencé. Il y avait à peine une heure que nous jouions, lorsque la première table a été fermée. Les deux femmes à ma table avaient été les premières à partir. Soit, elles n'avaient pas vraiment compris le jeu, soit elles s'en foutaient royalement. J'ai été affectée à la table centrale. Je n'avais encore pas suivi une main. Cela n'avait pas l'air d'être un jour de chance.
Et puis, j'ai touché une paire de dix. Je triturai mes jetons en réfléchissant à combien j'allais miser. Mon nouveau voisin me montra discrètement ses cartes. Paire de rois. Pour m'inciter à être prudente ? Pour me garder plus longtemps à ses côtés ? Je me suis couchée. "J'aime beaucoup votre parfum..." Je l'ai regardé. Plutôt bel homme, la quarantaine. Un peu plus ? J'ai porté mon attention sur sa main gauche. Une alliance ! Ben oui, célibataire, riche, bel homme, quarante ans, il ne faut pas rêver non plus. Je lui ai fait mon plus charmant sourire, et l'ai remercié. Pour le compliment et la paire de rois. Il a fait tapis, mais personne ne l'a suivi.
Le jeu s'est poursuivi. Je survivais de petits larcins. Une autre table a été fermée. Les survivants la composant ont pris les places disponibles autour de la nôtre. Deux des joueurs possédaient l'essentiel des jetons. Un troisième était assez à l'aise. Et nous les six autres nous partagions le peu qui restait.
Très vite, l'un des joueurs à qui il restait quelques jetons a abandonné, laissant ses jetons s'épuiser au fil des blinds. Ce qui, je trouvais, était une manière incorrecte d'achever une partie. Puis l'autre femme qui restait a perdu. "Contrairement à la majorité ici, j'aime beaucoup la manière dont vous êtes habillée. C'est très…" Très quoi, je n'ai pas su, il a laissé sa phrase en suspens. "Et Chanel n° 5, vraiment…" J'ai souri, bien qu'il m'agace à ne finir aucune de ses phrases. Il était mignon, cela me rendait bienveillante. Tous les deux, nous étions les plus menacés.
Le hasard du jeu a voulu que les deux chips-leaders s'affrontent en un tapis. Paire d'as, contre paire de dames. Nous nous sommes regardés, l'amateur de Chanel n° 5 et moi. Souri. Il nous suffisait de juste survivre encore un peu, pour atteindre les places primées. C'est arrivé rapidement. Au final, j'ai fini troisième, et le "bel homme" second. Troisième sans avoir vraiment eu de jeu, je considérais que c'était la réussite de ma stratégie. Nous avons quitté le sous-sol, et gagné l'étage. "Quel est votre nom ?" "Lou-Ève…et le vôtre ?" "Philippe…" Nous montions l'escalier côte à côte. Nous avons rejoint les autres invités au salon. Philippe m'a quittée. Je l'ai vu se diriger vers le buffet. Il est revenu immédiatement en me tendant une coupe de champagne. Et nous avons fait connaissance. "Votre prénom est très original… et ceci, et cela." La partie s'était terminée bien plus tôt qu'habituellement. Je n'avais pas l'intention de m'éterniser, je savais que Mélanie m'attendait, dans mon lit.
Philippe m'a demandé s'il pouvait me raccompagner. "J'ai m'a voiture…" "Ah oui, bien sûr, et je peux vous offrir un verre dans un endroit plus calme ?" Il tenait son verre avec la main gauche. J'ai souri. Je lui ai pris la main gauche, j'ai fait tourner son alliance. "Vous passez prendre votre femme ?" Il a souri. "Vous tenez vraiment à faire sa connaissance ?" "Cela pourrait être amusant !" "Ah vraiment ?" Echange de sourires. J'aime bien ces moments ambigus, avant de se connaitre vraiment. Ces échanges à fleurets mouchetés. Nous avons bavardés quelques minutes encore.
"Je crois que je vais rentrer…" "Ah, vous avez un mari qui vous attend ?" "Vu les circonstances, je dirai que le mari c'est plutôt moi…" Il m'a regardé, sans comprendre. Son regard m'invitait à préciser les choses. Je ne l'ai pas fait. "Je vous embrasse ?" "Vous partez vraiment ?" J'ai posé mon verre sur une table voisine, l'ai embrassé sur les deux joues. Je suis allée prendre congé de Monsieur et Madame Notaire. J'avais hâte d'être contre Mélanie.
Nous sommes restées couchées, l'une contre l'autre, une bonne partie de la journée du dimanche. Vers 16:30 Mélanie, qui s'était levée pour chercher de l'eau, m'a annoncé qu'il faisait très beau. J'ai proposé d'aller jusque chez maman, et nous poser un peu, près de la piscine. Nous avons terminé le week-end là-bas.
           
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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 14:34
LM-003-04_01.jpgHier soir, j'avais rendez-vous avec la princesse Carotte, dans le bar louche, que nous avions déjà fréquenté. Un bar louche, pour des histoires louches. Quoi de plus naturel. Je suis arrivée la première, et franchement je commençais à regretter ma ponctualité. Il y avait au moins dix types qui me reluquaient. Qui se demandaient ce qu'une fille, qui n'avait pas l'air d'être une pute pouvait bien faire ici. A moins qu'elle n'en soit une… D'autant que je n'avais rien de particulier à faire pour m'occuper, me donner une contenance… J'ai sorti ma lime à ongles. Fait celle qui était concernée par une tache de première importance. La restauration de l'esthétique d'un ongle défaillant. Le patron est venu prendre ma commande. "J'attends quelqu'un…" Histoire qu'il patiente. "Oui, et vous prenez quoi ?" Il ne patientait pas. Mal à l'aise pour mal à l'aise, j'ai dit "Vodka à la fraise !" Il a repris d'une douce voix de marchande de poissons, altérée par trente ans de gitanes sans filtre : "Vodka à la fraise ?" Comme si c'était une énormité. Et puis "J'ai pas !" Je ne m'attendais pas du tout à cette réponse. Je suis restée interdite. (Waouh, quelle écrivaine…) "Alors ?" Tant d'amabilité m'a confondue, j'ai pris un coca. Pas frais, le coca.
Je commençais à croire que la princesse avait oublié notre rendez-vous. Que j'avais mal compris, l'autre jour. Que c'était une stratégie de sa part. Que…Un des types s'est approché "Vous arrivez à boire ça ?" Le ça d'un air dégouté. J'ai levé les yeux. Pas mon type de type le type. Il lui manquait une dent ? Ou alors c'était l'éclairage. "Oui…" Laconisme et petite voix. "Il vous a lapiné…" "Pardon ?" "Votre copain, il vous a lapiné… posé un lapin, quoi !" Comme si j'étais la dernière des connes. "Ah non, je suis toujours en avance…" Au bar "Alors, Jacky, c'est en bonne voie ?" Un autre "Tu voudrais bien le faire, toi !" Et le Jacky, une voix de fin de soirée alors qu'elle commençait à peine. "Faire quoi ?" "Ben, la piner !" Rires gras et bruyants au comptoir. A ma grande honte, j'ai ri aussi. L'humour de comptoir, j'adore. J'allais me lever pour partir, lorsque la princesse, pantalon de cuir et tee-shirt manches retroussées sur les épaules, a fait son apparition. Elle a lancé un bonjour sonore, salué le patron par son petit nom, s'est approchée et assise à mes côtés. Jacky est retourné au bar. J'ai entendu "C'est pas ton soir, c'est des gouines…" Ah le romantisme des bistrots.
"Je ne pensais pas que tu serais là…" "Je t'avais dit que j'étais ok." La voix assurée, le regard direct. "Bon, alors on y va… A partir de maintenant, tu me vouvoies." "Ah non, ce soir, je ne peux pas…" "Quoi, tu ne peux pas, tu fais quoi ici alors ?" "Nous nous sommes mal comprises, j'ai pensé que je devais t'apporter ma réponse définitive aujourd'hui…" "Tu me fais vraiment chier !" Sans rire, j'étais sincère. Elle, elle avait l'air de celle qui a sa soirée plombée. Je n'avais rien de particulier à faire ce soir… juste un peu la trouille. Besoin de temps. "Tu sais quoi, tu m'emmerdes, un pas en avant, deux en arrière. Je ferai mieux de laisser tomber. Cà fait trop longtemps que tu m'enfumes…" Oui, moi aussi, je devrais laisser tomber. Mais je voulais savoir. Même si j'étais sûre que c'était une erreur…
Nous avons fini notre verre. Nous gardions le silence. Les types au comptoir nous observaient, en faisant des commentaires que nous n'entendions pas. Elle avait l'air vraiment en colère contre moi. Moi, j'étais sereine, maintenant, indifférente. Et même si elle m'envoyait promener, ça m'arrangerait. Ce serait une décision que je n'aurai pas à prendre. Et puis, brusquement, sans que rien ne le laisse présager, elle a posé sa main sur la mienne, m'a souri. "Je ne sais pas ce que j'ai avec toi, je dois être amoureuse…" Je l'ai regardée, incrédule. Elle a continué. "Amoureuse, ce n'est pas le mot, mais il y a quelque chose en toi qui me fait vibrer. Voilà c'est ça, tu m'érotises…" Je l'ai regardée en souriant. Comme si cet aveu modifiait l'équilibre de notre relation. "Tu sais quoi ? On repousse à vendredi prochain. Même heure, même endroit !" J'ai protesté "On est obligées de se retrouver ici, je n'aime pas cet endroit…" "Moi, j'aime bien, alors à vendredi…" Elle s'est levée, elle est partie. Je me suis  retrouvée un peu conne. Toute seule dans ce bar. J'ai levé la main pour appeler le patron et régler nos consommations. De son poste, derrière le comptoir, il m'a demandé aimablement "Ouais ? Quoi encore ? Pour régler, c'est ici…" Je me suis levée et l'ai rejoint. Un type a dit "Ben, elle est pas commode la copine…" J'ai souri. Un autre "Ouais, y a comme de l'eau dans l'gaz…" J'ai ramassé la monnaie que le patron avait si aimablement laissée tomber sur le comptoir. "Au revoir Messieurs, bonne soirée…" "Si elle veut pas de toi, nous on veut bien…" Je suis sortie. Je les entendais rire.
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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 15:38
pin-up-cuisiniere-elvgren.jpgJ'avais promis de cuisiner, jeudi soir, un repas romantique. J'ai appelé Dany pour avoir des conseils. Comme un fait exprès, je n'ai pas pu la joindre. Je me suis rabattue sur Google. J'ai tapé "repas romantique". Le site "Elle" m'a paru idéal. Elle, c'est quand même la compétence reconnue. J'ai vu Saint Valentin coquine. Ça m'a paru le must. Surprise. Maitrisez-vous l'art de l'effeuillage…Nos conseils pour réussir votre strip tease… Ça, je maîtrise. J'ai changé de site. "Rêve de menus".
Option un : allumer le feu. Waouh, quel programme. Beignets de fleurs de courgette. Je ne savais pas où je pouvais trouver ça. J'ai oublié. Le tigre qui pleure. Plein d'ingrédients, laisser reposer une heure, pas trop le temps, manger avec des baguettes. J'ai oublié.
Option deux : séduire facile. Ah, on semblait enfin prendre en compte mes capacités ! Melon au jambon de parme. Voilà quelque chose dans mes cordes. Vendu. Les proportions sont pour quatre. Chacun son idée du romantisme. Oh mais nous avons une option recalcul des quantités. Bon, mon correcteur orthographique a un peu tiqué sur le "recalcul". Mais le "recalcul" savait le faire pour deux, alors… Sinon, j'aurai essayé toute seule… Le recalcul. Truite en papillote. Difficulté facile, préparation cinq minutes. Ça avait l'air bien. Riz basmati, tomates cerise, j'allais savoir. Dessert, crème chantilly maison aux fruits rouges. En passant sur le côté maison de la crème, ça irait. Il existait des bombes très réussies. J'ai fait une liste de courses.
Le soir, je suis arrivée chez moi. J'ai commencé par mettre de l'ordre, aérer, ranger, passer l'aspirateur, refaire complétement mon lit. J'ai préparé ma table. Sélectionné ma musique, disposé les bougies. Cool. Entouré la rose choisie pour Mélosh de sopalin humide. J'ai filé en cuisine, regardé l'heure. Ok. J'ai préparé mon melon. L'ai mis dans le réfrigérateur. J'ai repris ma recette de truites en papillotes. Etaler les feuilles de papier cuisson. Oh merde, il fallait du papier sulfurisé. Je n'avais pas. J'ai tout abandonné. Je suis sortie à la recherche d'une épicerie…
Vingt minutes plus tard, j'étais à nouveau opérationnelle. J'avais acheté une demi-bouteille de champagne. Pour l'apéro. J'ai tout préparé comme indiqué. Quand devais-je mettre le four à préchauffer ? Et quinze vingt minutes de cuisson ! Ça me laissait une marge impressionnante pour rater. J'ai mis le four en préchauffage. Il devait bien être assez intelligent pour se maintenir à température une fois qu'il y était.
Il ne me restait qu'à me doucher, m'habiller sexy, et attendre Mélanie. Robe courte, dos nu, attachée autour du cou, décolleté ravageur, noire, dim-up, bottes à talons. Maquillage. Coiffure alambiquée. Et j'ai commencé l'attente, assise au salon. Et puis, un trait de génie. Et si Mélanie, enceinte, ne voulait pas boire d'alcool. Google. Cocktails sans alcool. Je m'arrête sur un Chantaco. Parce que j'avais tout ce qu'il fallait en rayons. A part ce qui concernait la décoration. Fraises ou zestes d'orange. On fera sans. J'ai préparé deux verres, Je n'avais pas de jus de pamplemousse pour faire plus. Je les ai mis à rafraichir. Puis, j'ai allumé les bougies, mis mon Ipod en marche,  disposé la rose dans l'assiette de Mélanie. Et me suis assise sur le canapé. Un livre "Toyer" à la main, une pose alanguie. J'attendais. Eclair ! J'avais oublié de préparer mon dessert…
Dix minutes et tout était prêt, j'étais à nouveau sur le canapé. Fatale. Mélanie a eu l'air surprise en arrivant. Surprise, mais ravie. Petit froncement de sourcils. J'ai dit "Ben, je t'avais promis un repas…" "Oh non ! Tu l'as fait ?" Franchement, quelquefois c'est dur d'être sous-estimée…
J'ai fait sauter le bouchon du champagne. Petit froncement de sourcils. "Louve minette, pas d'alcool, c'est mieux…" "Ok, pas de problème !" Je suis allée chercher un verre du cocktail préparé. "Et voilà, pour Madame, un chantaco…" Madame était ravie. On a parlé un moment. De la bébé, qu'elle s'ingéniait à appeler tout le temps "le" bébé. Nous sommes passées à table. J'ai allumé la bougie qui y trônait. Je suis allée chercher mon entrée. J'ai mis mes truites au four. Je lui ai apporté le deuxième verre de chantaco. Il me fallait "quinze-vingt" minutes pour mes truites. Je me suis servie une nouvelle flûte de champagne. J'ai prié pour mes truites.
Un moment plus tard, je suis allée chercher mes papillotes. Mélanie a défait la sienne. Gouté. Petit froncement de sourcils. Elle m'a dit "Elle n'est pas cuite…"  Blanche. "Tu déconnes ?" "Tu as changé la température de ton four ?" Je l'avais laissé sur préchauffage… Putain, les larmes aux yeux. Elle a dit "Ce n'est pas grave…Louve, pleure pas." J'ai pleuré.
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